Argentine – Vers le Nord-Est du pays
Nous quittons la région de Salta et prenons la direction d’Iguazu. Il y a plus de 2000 km à parcourir, alors nous le faisons en plusieurs étapes, en nous arrêtant (et faisant parfois des détours) pour visiter.
Nous quittons définitivement les Andes, et retrouvons rapidement des altitudes variant entre 100 et 50 au-dessus du niveau de la mer. Du coup les températures changent aussi, nous rangeons doudounes et duvets pour ressortir les tee-shirts, ainsi que l’huile de coco pour se protéger des moustiques. Nous faisons des bivouacs dans des petits villages où la population est très accueillante. Malheureusement la pluie est présente quasiment tous les jours, suivant les heures elle nous empêche quelquefois de faire notre barbecue quasi-quotidien, c’est une honte !
Nous traversons de grands espaces où se trouvent des pâturages immenses, nous comprenons maintenant d’où vient toute cette viande bovine que nous voyons aux étalages de boucherie. Mais l’Argentine connait cette année des précipitations record et qui durent anormalement à cette période de l’année, si bien que les champs sont inondés, les vaches et chevaux ont parfois les pattes dans l’eau jusqu’au poitrail.
A Corrientes nous allons voir un dessin-animé (Dragon 2) en espagnol bien sûr, même si nous ne comprenons pas toutes les paroles nous arrivons à saisir l’histoire. Et pour bien finir la soirée (et faire plaisir aux enfants), nous allons dîner dans un fast-food dont le nom commence par M, les steaks argentins ne sont pas si mauvais.
Nous voulons aller visiter le parc national Esteros del Ibera. Depuis Mercedes, il y a environ 45km de route asphaltée puis 75km de piste, qui en cette saison se trouve bien boueuse. Alors que nous avions décidé de ne plus poursuivre cette piste, nous cherchions un endroit à peu près sec pour faire demi-tour, il se trouvait à une cinquantaine de mètre de l’endroit où nous nous sommes embourbés. Un petit tour à la ferme voisine avec au moins 3 kg de cette glaise collante sous chaque chaussure, et votre narratrice revient victorieuse sur un tracteur. Ah, ça rappelle des souvenirs d’enfance, quand on pouvait encore s’asseoir sur le garde-boue du tracteur et se laisser conduire sous les tressauts de la machine…là je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans…
En fait de ferme il s’agissait plutôt d’une grande propriété qui élève 4000 vaches et 800 moutons, une bagatelle par ici !
Il ne faut pas longtemps pour que le tracteur tire Tortucar jusqu’à cette zone bien plus sèche, nous faisons demi-tour et retournons à Mercedes, avec un camping-car tout crotté. Nous prenons en stop des argentins qui ont également un souci avec leur véhicule, comme quoi il n’y a pas que les étrangers qui se font avoir !
Le lendemain nous ne nous avouons pas vaincus, nous cherchons une agence de voyage qui pourrait nous emmener au parc en 4x4. C’est OK, nous partons donc en excursion le jour d’après. Notre acharnement aura payé, nous sommes enchantés de notre balade au parc Esteros del Ibera. Lors d’un tour de bateau sur la lagune peu profonde (de 3 à 4 m) puis de petits chemins de randonnée, nous verrons une foule d’animaux en pleine nature qui cohabitent paisiblement : des yacaré negro (qui ressemblent aux caïmans mais sont plus petits), des cabiais (sorte de gros cochon d’Inde), beaucoup d’oiseaux (dont des cigognes d’Amérique, des aningas qui mangent des poissons, des biguas qui mangent des vers de terre,…), le cerf des marais, sa biche et son faon. En nous promenant sur un ponton, nous voyons une mère yacaré qui veille sur sa nombreuse progéniture.
Nous nous occupons de trouver une laverie pour nettoyer les vêtements couverts de boue et un lavadero pour le véhicule. Ca y’est, nous avons effacé les traces de notre mésaventure.
Nous pensions poursuivre la route directement vers Posadas, mais nous apprenons que celle-ci est inondée, nous faisons donc un grand détour en revenant vers Corrientes.
Nous bivouaquons une nuit sur le grand parking d’une station-service, au matin en partant nous nous retrouvons embourbés (sous la fine couche de graviers se trouvait de la glaise). Cette fois-ci c’est le tractopelle de la station qui nous sort de cette colle. Il fallait bien utiliser la sangle que nous avions achetée spécialement pour ce voyage, au moins nous ne l’avons pas apportée pour rien !
Nous voulions aller au Paraguay en passant par Encarnation pour visiter les missions jésuites, mais la file d’attente monstrueuse à la frontière nous fera changer d’avis, nous nous contenterons de visiter les missions jésuites argentines. Nous commençons par celle de Santa Ana, dont l’objectif est la conservation du site et non pas la reconstruction, c’est-à-dire que les ruines sont conservées en état, seule la végétation risquant d’abimer les ruines est retirée pour les préserver. Elles ne sont donc pas impressionnantes mais donnent un bon aperçu de ce que devaient être les missions à l’époque. Et le site, situé en plein nature, respire la sérénité. Nous bivouaquons devant ce site, ce qui nous permet de retourner le visiter alors que la nuit est tombée. Il est éclairé en fin de semaine. Roxane se fait une frayeur lorsque nous passons dans le cimetière alors qu’Arthur se dit prêt à la défendre à l’aide de son bâton contre l’attaque des morts-vivants.
Puis nous allons à San Ignacio Mini où les murs ont été reconstruits, les ruines sont donc plus impressionnantes. Nous allons voir le spectacle son et lumière. Il est d’une très bonne qualité, les images projetées sur des murs d’eau, mettent en scène la vie telle qu’elle devait être dans ce lieu aux XVIIème et XVIIIème siècles.