Le Bilan
L’heure est au bilan, notre périple s’achève. Nous avons passé un peu moins de 15 mois sur le continent américain.
Tout d’abord, tordons le cou à des idées reçues, c’était un périple, pas des vacances et la différence est notable. C’est ce que nous avons découvert justement dans ce voyage, nous n’avons pas un moment de libre. C’est aussi parce que nous avions un itinéraire ambitieux pour 15 mois.
Nous changions quasiment tous les jours de décor, super, c’est ce que nous cherchions, mais cela a aussi des inconvénients, nous n’avons pas de point de repère. Et donc des actions de la vie courante qui sont simples quand on est chez soi, s’avèrent plus complexes en voyage, dans des pays où les démarches ne sont pas aussi simples que chez nous.
Il faut sans arrêt chercher quelque chose :
- chercher du carburant (ça c’est assez simple), il suffit de ne pas attendre que le réservoir soit vide pour le faire, car dans certains lieux, les stations-services sont très espacées
- chercher un supermarché pour faire les courses, suivant les pays ça peut s’évérer compliqué
- chercher à remplir les bouteilles de gaz. Alors là c’est la galère, il n’y a pas beaucoup d’usines qui acceptent de les remplir, ce n’est pas aussi simple qu’en France quand on apporte la bouteille et qu’on en reprend une, nous avons des bouteilles qui traversent les pays, et bien entendu chaque pays a sa catégorie de bouteille et chaque usine sa couleur de bouteille, alors notre seule solution est de les faire remplir, il faut trouver l’usine qui accepte de le faire, se trouver dans le bon créneau horaire
- chercher une laverie, dans certains pays c’est très difficile, dans d’autre plus courant mais les délais pour récupérer son linge sont parfois long. Eh oui, à part au Canada ou aux USA où les laveries fonctionnent comme chez nous, chacun s’occupe de sa machine, dans les autre pays c’est plutôt à la mode pressing, on laisse son linge et on revient le chercher à une heure convenue. Une fois en Colombie, il a fallu attendre 3 jours pour récupérer notre linge, c’est bien trop long pour nous qui ne restons pas aussi longtemps dans une même ville, car nous préférons les bivouacs sauvages
- chercher un bivouac sécurisé pour la nuit, ça c’est quasiment tous les jours qu’il faut chercher. Heureusement que d’autres voyageurs donnent leurs bons plans, ça aide.
- chercher un endroit permettant de faire le plein d’eau. Bien souvent dans des stations-services, mais certaines ne proposent pas d’eau alors il faut chercher ailleurs, et quand nous restons plusieurs jours à un même endroit, il faut réapprovisionner en eau même si nous ne faisons pas le plein de carburant. Le plus galère était au Pérou, le long du Pacifique, la zone étant désertique les stations-service n’ont soit pas d’eau soit le débit est extrêmement lent ce qu’il fait qu’il faut au moins une heure pour faire un plein.
Et d’autres tâches qui fort heureusement reviennent moins souvent :
- chercher un magasin de chaussures, chercher un garage pour faire l’entretien du camping-car, chercher la poste dans la ville, chercher où l’on peut acheter telle ou telle chose occasionnelle (pneus, clé USB, appareil photo, jouets de Noël et d’anniversaire, huile de coco pour se protéger des moustiques : il a fallu au moins 50 pharmacies pour réussir à en trouver),…
Nous avons parcouru environ 55 000km, finalement ce n’est qu’environ 20% de plus que ce que nous aurions fait en une année en France (nous habitons à la campagne, il n’y a pas de transports en commun), notre consommation-carbone n’est donc pas si importante que nous aurions pu le croire.
Nous avons eu la chance d’être en bonne santé pour pouvoir partir, et nous le sommes restés.
Notre bonne étoile nous a protégés. Pourtant c’était mal parti, nous avons failli ne pas quitter la France. Eh oui, nous avons eu la mauvaise surprise, à l’aéroport de Paris, de tomber sur un agent des douanes américaines qui ne voulait pas nous laisser embarquer si nous n’avions pas de billet retour. S’en est suivie une course contre la montre pour acheter des billets retour … qui ne nous servaient à rien, mais que nous nous sommes fait rembourser ultérieurement (moins une franchise).
Nous avons craint par deux fois de gros ennuis mécaniques, mais une fois que nous avons pu trouver un professionnel compétent qui a su identifier le problème, nous nous en somme tirés à peu de frais et peu de délai. Tortucar ne nous a jamais trahi et a parfois été héroïque sur certaines pistes.
Nous avons fait de belles rencontres, avec les locaux, des vacanciers et d’autres voyageurs (nous pensons fort aux Toul’américan et aux 5M), elles restent dans notre mémoire. Nous nous sommes enrichis de tous ces échanges.
Nous avons pris connaissance d’autres coutumes, d’autres croyances, d’autres façons de vivre.
Nous avons vu des paysages magnifiques, extraordinaires, à couper le souffle.
Nous avons croisé sur notre chemin des animaux que nous n’avions jamais vus, le top est de les observer dans leur élément naturel.
Bien sûr nous avons une préférence pour les bivouacs en pleine nature, mais dans certains lieux nous avons privilégié la sécurité.
On nous demande souvent quel a été notre pays préféré. C’est difficile de répondre à cette question, chaque pays ayant ses particularités, il est délicat de comparer. Mais voici tout de même nos coups de cœur :
- l’Ouest des Etats-Unis pour la beauté de la nature dans les grands parcs
- le Mexique pour ses villes coloniales, les cités précolombiennes et la chaleur de ses habitants
- le Guatemala pour sa conservation des coutumes ancestrales
- la Colombie pour l’accueil en or de ses habitants
- les îles Galapagos en Equateur pour la beauté de la faune
- le Pérou pour ses sites précolombiens et incas
- la Bolivie pour ses paysages sublimes (salar d’Uyuni et Sud Lipez) et la conservation des coutumes indiennes
- l’Uruguay pour l’accueil chaleureux de ses habitants
Nous sommes fiers d’avoir vécu ce périple tous les 4 ensemble.
Il faut beaucoup de détermination, pas mal de préparation, et le jeu en vaut la chandelle.
Les rêves sont faits pour être vécus, il faut s’en donner les moyens. Quand la volonté est là, les difficultés s’aplanissent.
Merci à la famille restée en France, particulièrement ceux qui ont acceptés d’endosser des tâches supplémentaires comme gérer notre patrimoine et nos courriers. Merci de nous avoir laissé partir et de nous avoir encouragés.
Merci à tous ceux qui nous ont suivi via ce blog, les commentaires que nous lisions avec avidité nous faisaient extrêmement plaisir.
Si nous avions été ne serait-ce que 15 ans en arrière, nous n’aurions peut-être pas pu faire ce voyage. Grâce au retour d’expérience d’autres voyageurs, nous avons bénéficié d’informations précieuses. Et grâce à l’évolution de la technologie, les échanges avec la famille et les amis sont possibles.
Avec internet, la vie se simplifie. Certains organismes proposent des services qui nous facilitent la tâche. A titre d’exemple, nous avons pu faire notre déclaration d’impôts depuis la Bolivie, c’est beau le progrès ! D’autres organismes ont encore des progrès à faire dans cette voie.
Nous avons tout de même quelques regrets, celui de ne pas avoir pu prendre plus de temps à des endroits où nous sentions bien, celui de ne pas avoir eu le temps ni la saison optimale pour descendre plus sud, et surtout de ne pas avoir vu le glacier Perito Moreno.
Comme tout bilan s’accompagne de données chiffrées, les voici en pagaille :
Environ 15 mois de voyage, c’est :
18 pays différents visités (si on compte notre toute petite entrée au Paraguay à Ciudad del Este)
25 passages de frontière
7 cargo/ferry/bac empruntés par le camping-car (cela comprend la traversée de l’Océan Atlantique à l’aller et au retour, ainsi que la traversée de Panama en Colombie)
1350 repas à gérer
dont 133 restaurants/comedor fréquentés
15 paires de chaussures usées, élimées
8 capitales visitées
142 lieux payants visités
31 laveries fréquentées
2 crevaisons
4 fois tanqués (2 fois dans le sable au Costa-Rica, 2 fois dans la boue en Argentine)
1 vélo abandonné
37 couples ou familles de voyageurs rencontrés, dont certains plusieurs fois
des milliers d’animaux observés, certains en cage mais la majorité dans leur élément naturel
313 bivouacs sauvages ou en station-service
90 bivouacs en camping ou équivalent (dans la cour d’un hôtel par exemple, pour les lieux qui ne possèdent pas de camping)
35 nuits d’hôtel ou appartement (utilisé uniquement lorsque nous n’avions pas notre camping-car, au départ en attendant son arrivée sur le sol américain, au Panama et en Colombie lors de sa traversée, à la fin du voyage lorsqu’il était déjà déposé au port, 1 nuit pour la visite du Machu Picchu)
10 nuits en bateau (pour le passage de Panama en Colombie et lors de notre croisière aux îles Galapagos en Equateur)
2 nuits en avion
2 contrôles de policiers véreux (nous nous en sommes bien sortis à chaque fois)
Moyens de transport utilisés durant tout ce périple : camping-car, avion, voiture, métro, bus, trolley-bus, vélo, ferry, voilier, tracteur
Argentine – Buenos Aires
Un petit tour de bateau de 3 heures pour traverser le Rio de la Plata, et hop, nous voici arrivés à Buenos Aires, immense ville de 13 millions d’habitants. Nous avons réservé un hôtel (ou plutôt une auberge de jeunesse) dans le centre, ce qui nous permet de visiter facilement les lieux les plus réputés. Un peu (beaucoup !) de marche ne fait pas de mal !
Quelquefois, on pourrait se croire à Paris, tant l’influence européenne au niveau de l’architecture se fait sentir. D’ailleurs, de nombreux bâtiments ont été réalisés par des architectes français, belges ou italiens. Et la population, issue pour majorité d’émigration européenne, accentue ce rapprochement avec l’Europe. Malheureusement les quartiers n’ont pas été construits dans une architecture homogène, tous ces jolis bâtiments sont parfois entourés de buildings ultra-modernes ou de bâtiments décrépis, c’est bien dommage.
Nous passons devant l’obélisque, situé au milieu de l’avenue 9 de Junio, construit pour les 400 ans de Buenos Aires, puis la superbe ambassade de France qui n’est malheureusement pas visitable.
ambassade de France :
Après des photos avec les statues des stars du football argentin (eh oui, nous sommes sur un continent où le foot est incontournable), Lionel Messi, Diego Maradona et Gabriel Batistuta, nous allons au « Père-Lachaise » d’Argentine, c’est le cimetière de la Recoleta. Inauguré en 1822, il abrite plus de 48 000 tombeaux sur 55 000m². Etant donné les tarifs pratiqués (une redevance annuelle doit être versée par chaque famille), ce cimetière comporte les sépultures de familles de la haute bourgeoisie. Plus de 70 mausolées sont classés monument national. La tombe la plus visitée est celle de Maria Eva Duarte de Peron, (1919-1952), première dame d'Argentine, connue sous le surnom d’Evita.
Nous visitons la cathédrale, catedral Metropolitana, à l’architecture si particulière : la façade est un portique à 12 colonnes représentant les 12 apôtres, qui s’inspire du palais Bourbon de Paris. Elle abrite le mausolée du libérateur de la nation, le général don José San Martin, surveillé par 2 gardes. Nous assistons à la relève de ces gardes, cela a lieu toutes les 2 heures.
Jorge Mario Bergoglio, plus connu sous son nom actuel de Pape François, était l’archevêque de Buenos Aires.
Nous allons ensuite dans le quartier Puerto Madero pour visiter la frégate Présidente Sarmiento. Juste devant, se situe le Puente de la mujer, qui est en fait une passerelle piétonne longue de 160m et large de 5m, rotative. C’est-à-dire que la section du milieu tourne sur un pilier pour permettre le passage des bateaux.
La frégate Présidente Sarmiento était un navire militaire de 1899 à 1938 qui a fait 40 fois le tour du monde, puis un navire école de 1939 à 1960 qui a navigué dans les eaux territoriales argentine, avant de devenir un musée en 1962. La taille de ce trois-mâts est impressionnante : 85m de long et 14m de large.
Sur la plaza de Mayo, nous visitons la maison du gouvernement (casa del Gobierno, connue sous le nom de Casa Rosada, de par sa couleur). C’est un lieu de travail mais les présidents n’y résident pas. C’est un palais de style italien, résultant de la réunion de deux palais depuis le XVIIIème siècle.
Nous arrivons devant le Congreso Nacional qui est un beau bâtiment de style Second Empire. C’est le siège du Sénat et de la Chambre des Députés.
Puis lors d’un déjeuner à Mac Do, c’est la catastrophe : nous nous faisons voler le sac à dos qui contenait le meilleur de nos appareils photos, il y avait bien évidemment tous les objectifs puisque nous étions en balade. Nous n’avons pas quitté la table et n’avons vu personne autour, c’est vraiment incroyable ! Et tout ça 2 jours avant de rentrer en France, c’est rageant.
Nous allons nous consoler à un spectacle de tango, que nous avions réservé avant cet évènement. Après une demi-heure de classe de tango où nous apprenons 3 types de pas, nous allons dîner juste avant le spectacle, qui est de très bonne qualité : des couples de danseurs de tango, un chanteur et une chanteuse, un orchestre se relaient sur scène pendant 1h30. Les parents et les enfants sont ressortis enchantés de cette soirée (désolée, pas de photos du spectacle, ce n'était pas autorisé)
Nous terminons notre visite de Buenos Aires par un édifice prestigieux : le théâtre Colon, à l’acoustique parfaite. Il est tout simplement magnifique. La grande salle possède 7 niveaux et peut accueillir 3000 spectateurs.
C'est trop dur le coiffeur ici, on est obligé de jouer aux jeux vidéos !
Uruguay – Côte Est – fin du périple en camping-car
Nous remontons tranquillement vers Montevideo, où nous avons rendez-vous pour débuter les démarches afin que notre cher Tortucar parte rejoindre l’Europe sur un cargo.
Entre temps, nous en profitons pour visiter la capitale en nous baladant dans la vieille ville et le centre. Il y a la fontaine où tous les amoureux attachent un cadenas à leur nom, le marché du port qui sont de très belles halles couvertes où se concentrent des restaurants, la place de l’Indépendance où se trouve le palais présidentiel (qui n’a pas un charme architectural fou) et le statue du Général Artigas, le héros de l’indépendance du pays, des bâtiments Art Déco qui abritent bien souvent des banques.
Nous rencontrons par hasard Rafael sur la plage, il nous invite pour le lendemain à venir fêter le jour des enfants (dia del nino, une fête à laquelle les uruguayens sont très attachée) chez lui où sera réunie sa famille. Lui et sa femme Adriana aiment le français et le parlent très bien, leurs enfants vont au lycée français, nous n’avons donc aucune difficulté à discuter. Nous passons un très bon moment. C’est ça l’hospitalité urugayenne !
Après une grosse opération rangement (nous commençons à avoir l’habitude de préparer le camping-car pour les traversées !) nous sommes devenus piétons. Non sans émotion, nous avons laissé notre cher Tortucar au port de Montevideo (où il a passé avec succès l’épreuve du scanner), nous le retrouverons à Anvers d’ici environ 1 mois et demi. Tchao à notre compagnon de route, qui nous a mené à bon port.
Mais pour nous l’aventure continue, nous visitons encore un peu Montevideo (tour des télécommunications et palais législatif) puis il est temps de passer l’ultime frontière de notre périple sur le continent américain.
Bilan Tortucar :
A parcouru 55250 km depuis son arrivée sur le sol américain
Dont 2730 km en Uruguay
Uruguay – Côte Est – la suite
Nous repassons par Punta del Este, nous ne résistons pas au plaisir d’aller faire un nouveau tour sur le port. Nous retrouvons 3 lions de mer, toujours devant le stand des pêcheurs. Tout d’un coup, juste à côté de nous, le plus gros d’entre eux, un mâle, prend son élan afin de s’étendre sur le quai, histoire de se sécher un peu. Malgré sa taille importante, il reste agile et a une détente qui nous impressionne. Le chien des pêcheurs aime le surveiller et semble vouloir jouer avec lui.
Nous observons également un mignon manchot dans le port, c’est un pêcheur très habile.
Nous apprenons que le cargo qui doit transporter notre camping-car a 5 jours de retard, nous modifions notre itinéraire, afin de ne pas arriver trop tôt à Montevideo.
Nous allons donc à Cabo Polonio, le temps s’annonçant plus propice à une telle balade que lorsque nous y étions passés la fois précédente. Il faut prendre un 4x4 qui nous emmène jusqu’au petit village de pêcheurs, à travers les dunes. Ça secoue ! Aucune voiture ne circule, étant donné qu’il n’y a pas de route, et hors saison, ici c’est d’un calme absolu, cela ajoute au charme du village. Nous voyons des lions de mer qui se jettent à l’eau ou se dorent au soleil sur les rochers, et avons la chance de voir, depuis la plage, deux dauphins nager de façon synchronisée.
Nous nous installons ensuite une journée à La Perdrera, nous observons les surfeurs puis passons une soirée avec Celia et Bastien, leurs enfants Justine et Baptiste. C’est la famille que nous avions rencontrée à Montevideo, qui commence son voyage. Nous leur fournissons des cartes et des informations, en quelque sorte, nous leur passons le flambeau !
Uruguay – Côte Ouest et Côte Est
Nous nous rendons à Carmelo, au bord du Rio de la Plata (c’est l’estuaire qui borde Buenos Aires et Montevideo). Nous bivouaquons au bord de la plage de sable fin. Quelle joie pour les enfants de pouvoir faire de nouveau des beaux pâtés de sable.
Puis nous passons 2 jours à Colonia del Sacramento qui comporte un très joli centre ancien. Les petites ruelles pavées arborent des maisons colorées. De belles voitures anciennes circulent (ou ne circulent plus !) dans la ville, créant une ambiance très rétro. Et comme nous sommes hors saison, nous pouvons stationner tout près du phare qui offre une belle vue de la ville et de la côte. Les nuits sont ventées, le camping-car tangue, attention au mal de mer !
Nous passons par Montevideo pour faire un petit coucou à des voyageurs français (que nous avions rencontrés à Sucre en Bolivie) qui vont embarquer leur camping-car sur un cargo. Leur périple en Amérique du Sud se termine. Nous rencontrons une autre famille française qui attend son véhicule, pour eux l’aventure va débuter. Nous reviendrons visiter la ville plus tard.
Puis nous commençons le tour des stations balnéaires de la côte, qui sont désertes à cette période de l’année. Cela nous convient bien, nous pouvons accéder facilement et bivouaquer où nous voulons, nous préférons les belles plages où nous sommes seuls au monde. Piriapolis abrite un beau port de plaisance.
A Punta Ballena, c’est la maison blanche de l’artiste Carlos Paez Vilaro, Casapueblo, qui attire le regard.
Puis vient la plus connue, Punta del Este, où nous prenons la pose devant le monument de la Mano, ces 5 doigts sortant du sable de Playa Brava. Au port, nous voyons à nos pieds des lions de mer, qui restent là à demeure car les pêcheurs les nourrissent. Ce sont de gros mammifères !
C’est ici que prend fin le Rio de la Plata et commence l’Océan Atlantique, nous ne l’avions pas revu depuis la côte Est des USA. Nous quittons la ville en empruntant un drôle de pont ondulé.
Après quelques autres stations balnéaires bien plus petites, nous arrivons au parc national Santa Teresa. Nous guettons les baleines au bord de plage mais elles ne daignent pas se montrer. Nous visitons le fort dont la construction a été achevée en 1791. Il abrite aujourd’hui un musée retraçant la vie du fort.
Nous allons jusqu’à Chuy pour y faire des courses. Cette ville est assez particulière : elle est pour moitié en Uruguay et pour moitié au Brésil, la rue principale marque la frontière, nous nous amusons à passer d’un pays à l’autre (c’est très facile, il n’y a aucune formalité à accomplir !).
Uruguay – Nord et Ouest du pays
Nous passons dans le dernier pays que nous allons parcourir avec Tortucar.
C’est un petit pays vert, calme, sans musique à fond comme on peut l’avoir en Argentine, reposant car sans problème de sécurité, dont la population est extrêmement accueillante. Nous avons sans arrêt droit à des « bienvenue dans notre pays » de la part de passants qui viennent nous poser des questions, surpris de voir un tel véhicule sur leur sol. Et lorsqu’ils voient que nous sommes français, ils sont heureux car les personnes d’une quarantaine d’année apprenaient le français à l’école.
La première partie du pays que nous traversons est composée essentiellement de campagne, beaucoup d’élevages de vaches, moutons, nandous mais bien plus petits qu’en Argentine, ce sont des exploitations familiales.
Les villes ne sont pas excessivement importantes, elles conservent un aspect de campagne dans leurs faubourgs, même si le centre-ville concentre les commerces et administrations.
Par contre le coût de la vie est l’un des plus élevés d’Amérique du Sud, surtout le prix du carburant qui est quasiment aussi élevé qu’en France.
Nous trouvons de la bonne viande pour faire des barbecues, lorsque le temps nous le permet.
Nous passons la frontière à Concordia (côté argentin), traversons le fleuve Uruguay en roulant sur la partie haute du barrage et nous voilà arrivés à Salto (côté uruguayen).
Nous commençons notre visite par le Nord, dans la ville d’Artigas. Ce n’est pas cette ville en tant que telle qui nous a attirée, c’est parce que c’est un passage obligé pour aller visiter les mines de La Bolsa, situées à 60km d’Artigas. On y exploite l’améthyste et l’agate. Même si nous avons déjà vu une mine en Argentine, nous ne sommes pas déçus de notre visite que nous avons pu faire profitant d’une éclaircie, car ici les géodes sont bien plus impressionnantes. Impossible de rapporter toutes les pierres, belles à nos yeux de novices, que nous trouvons parmi les « déchets » de la mine.
En revenant vers Artigas, nous nous arrêtons dans une usine qui traite les géodes et les exporte (principalement en Chine). Quel trésor exposé dans ce hangar ! Des milliers de géodes d’améthystes et, clou du spectacle, nous voyons des géodes gigantesques, certaines mesurent plus de 4 m !
Puis nous nous rendons à Nuevo Berlin, au bord du fleuve Uruguay, qui nous parait bien calme après ce que nous en avons vu à Iguazu. Le niveau reste très haut, des zones de parking sont inondées mais un passant nous apprend que le niveau du fleuve redescend, alors il n’y a pas de risque de bivouaquer au bord. Nous passons notre temps dehors à profiter du soleil. Cela nous plait bien, après les journées de pluie que nous avons endurées. Les nuits restent néanmoins fraiches.
C’est un endroit idéal pour une journée particulière : les 10 ans de Roxane. Il y a un an déjà, nous avions fêté ses 9 ans au Canada. Que de pays traversés depuis. Que de temps passé, elle a vraiment déjà 10 ans ?
Un tout petit morceau du mur de la ville de Berlin en Allemagne est exposé, nous nous attendions à un morceau bien plus visible.
Argentine et Brésil – Iguazu
Nous allons faire un petit tour dans le monde des pierres semi-précieuses à la mine de Wanda. C’est la 1ère fois que nous voyons des géodes aussi grosses et aussi belles. Au sol ou aux parois de la mine exploitée depuis 14 ans, nous trouvons surtout des améthystes et des agates. Tout est fait pour que le touriste achète des souvenirs à la boutique en sortant, malgré cela cette visite était intéressante et étonnante.
Nous voilà arrivés à Iguazu. Du côté argentin la ville s’appelle Puerto Iguazu, nous avons une vue imprenable sur le point de rencontre des 3 frontières d’Argentine, du Brésil et du Paraguay, les pays étant séparés par des fleuves : le Parana entre l’Argentine et le Paraguay, l’Iguazu entre l’Argentine et le Brésil. Nous passons du côté brésilien, dans la ville de Foz do Iguaçu, c’est là que nous allons voir les chutes dont une partie est brésilienne, l’autre argentine.
Il pleut beaucoup en ce moment, les fleuves de la région atteignent des niveaux records, c’est pourquoi nous pouvons voir des chutes avec un débit plus important qu’à la normale. L’eau prend une couleur marron-rouge, parce que le rio Iguazu traverse des régions de terre rouge. Ces mètres cubes d’eau qui viennent se fracasser sur les rochers, avec un débit monstrueux sont très impressionnants ; tout cela dans un environnement qui a été préservé, nous sommes émerveillés. Il ne manquait que quelques rayons de soleil pour parfaire le spectacle, le temps était un peu gris mais non pluvieux.
Sur la passerelle qui s’approche au plus près de la Garganta del diablo, nous prenons une bonne douche due au nuage d’embruns de la chute le plus haute et ayant le débit le plus important du site.
Le soir nous assistons, depuis notre camping, au match de demi-finale de la coupe du monde Brésil / Allemagne. Alors que nous étions contents de nous trouver au Brésil pour cette occasion, afin de vivre le match avec les brésiliens, le score sans appel a fait rentrer les brésiliens dans leur tanière.
Nous repassons en Argentine (les passages de frontière sont assez rapides) et, profitant d’une éclaircie, allons visiter le parc Guira Oga. C’est un refuge pour animaux malades ou blessés, qui trouvent ici des soins adaptés. Les animaux qui ne peuvent pas être relâchés en pleine nature (ceux par exemple qui n’ont connu que la captivité seraient incapables de survivre à leurs prédateurs) sont observables dans leur cage. Il y a entre autres de magnifiques toucans, des perroquets, de nombreux rapaces, des coatis, des tortues, des yacarés, un tatou, des pumas, un jaguar qui ressemble à un gros chat.
La photo du tatou est dédiée à Isabelle T.
Cette fois-ci c’est le match de demi-finale Pays-Bas / Argentine, dès la fin du match nous assistons à un défilé de voitures, motos, couvertes de drapeaux argentins, klaxonnant et pétaradant toute la nuit, avec leur sono à fond. Même si nous comprenons leur joie, nous partons nous isoler pour mieux dormir.
Vient le temps de quitter cette région, nous faisons la route en sens inverse (détour toujours dû aux inondations) et retournons à Mercedes, ville que nous avons choisi pour vivre la finale de la coupe du monde de football. La municipalité a installé un écran géant sur la place centrale, nous vivons donc ce match au plus près des argentins. Ceux-ci, très fair-play, ont applaudi à la fin du match, même si c’est l’Allemagne qui a remporté la coupe, c’était un beau match.
Nous nous dirigeons ensuite vers l’Uruguay.
Bilan Tortucar :
A parcouru 52520 km depuis son arrivée sur le sol américain
Dont 6680 km en Argentine, Chili, y compris l’incursion au Brésil
Argentine – Vers le Nord-Est du pays
Nous quittons la région de Salta et prenons la direction d’Iguazu. Il y a plus de 2000 km à parcourir, alors nous le faisons en plusieurs étapes, en nous arrêtant (et faisant parfois des détours) pour visiter.
Nous quittons définitivement les Andes, et retrouvons rapidement des altitudes variant entre 100 et 50 au-dessus du niveau de la mer. Du coup les températures changent aussi, nous rangeons doudounes et duvets pour ressortir les tee-shirts, ainsi que l’huile de coco pour se protéger des moustiques. Nous faisons des bivouacs dans des petits villages où la population est très accueillante. Malheureusement la pluie est présente quasiment tous les jours, suivant les heures elle nous empêche quelquefois de faire notre barbecue quasi-quotidien, c’est une honte !
Nous traversons de grands espaces où se trouvent des pâturages immenses, nous comprenons maintenant d’où vient toute cette viande bovine que nous voyons aux étalages de boucherie. Mais l’Argentine connait cette année des précipitations record et qui durent anormalement à cette période de l’année, si bien que les champs sont inondés, les vaches et chevaux ont parfois les pattes dans l’eau jusqu’au poitrail.
A Corrientes nous allons voir un dessin-animé (Dragon 2) en espagnol bien sûr, même si nous ne comprenons pas toutes les paroles nous arrivons à saisir l’histoire. Et pour bien finir la soirée (et faire plaisir aux enfants), nous allons dîner dans un fast-food dont le nom commence par M, les steaks argentins ne sont pas si mauvais.
Nous voulons aller visiter le parc national Esteros del Ibera. Depuis Mercedes, il y a environ 45km de route asphaltée puis 75km de piste, qui en cette saison se trouve bien boueuse. Alors que nous avions décidé de ne plus poursuivre cette piste, nous cherchions un endroit à peu près sec pour faire demi-tour, il se trouvait à une cinquantaine de mètre de l’endroit où nous nous sommes embourbés. Un petit tour à la ferme voisine avec au moins 3 kg de cette glaise collante sous chaque chaussure, et votre narratrice revient victorieuse sur un tracteur. Ah, ça rappelle des souvenirs d’enfance, quand on pouvait encore s’asseoir sur le garde-boue du tracteur et se laisser conduire sous les tressauts de la machine…là je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans…
En fait de ferme il s’agissait plutôt d’une grande propriété qui élève 4000 vaches et 800 moutons, une bagatelle par ici !
Il ne faut pas longtemps pour que le tracteur tire Tortucar jusqu’à cette zone bien plus sèche, nous faisons demi-tour et retournons à Mercedes, avec un camping-car tout crotté. Nous prenons en stop des argentins qui ont également un souci avec leur véhicule, comme quoi il n’y a pas que les étrangers qui se font avoir !
Le lendemain nous ne nous avouons pas vaincus, nous cherchons une agence de voyage qui pourrait nous emmener au parc en 4x4. C’est OK, nous partons donc en excursion le jour d’après. Notre acharnement aura payé, nous sommes enchantés de notre balade au parc Esteros del Ibera. Lors d’un tour de bateau sur la lagune peu profonde (de 3 à 4 m) puis de petits chemins de randonnée, nous verrons une foule d’animaux en pleine nature qui cohabitent paisiblement : des yacaré negro (qui ressemblent aux caïmans mais sont plus petits), des cabiais (sorte de gros cochon d’Inde), beaucoup d’oiseaux (dont des cigognes d’Amérique, des aningas qui mangent des poissons, des biguas qui mangent des vers de terre,…), le cerf des marais, sa biche et son faon. En nous promenant sur un ponton, nous voyons une mère yacaré qui veille sur sa nombreuse progéniture.
Nous nous occupons de trouver une laverie pour nettoyer les vêtements couverts de boue et un lavadero pour le véhicule. Ca y’est, nous avons effacé les traces de notre mésaventure.
Nous pensions poursuivre la route directement vers Posadas, mais nous apprenons que celle-ci est inondée, nous faisons donc un grand détour en revenant vers Corrientes.
Nous bivouaquons une nuit sur le grand parking d’une station-service, au matin en partant nous nous retrouvons embourbés (sous la fine couche de graviers se trouvait de la glaise). Cette fois-ci c’est le tractopelle de la station qui nous sort de cette colle. Il fallait bien utiliser la sangle que nous avions achetée spécialement pour ce voyage, au moins nous ne l’avons pas apportée pour rien !
Nous voulions aller au Paraguay en passant par Encarnation pour visiter les missions jésuites, mais la file d’attente monstrueuse à la frontière nous fera changer d’avis, nous nous contenterons de visiter les missions jésuites argentines. Nous commençons par celle de Santa Ana, dont l’objectif est la conservation du site et non pas la reconstruction, c’est-à-dire que les ruines sont conservées en état, seule la végétation risquant d’abimer les ruines est retirée pour les préserver. Elles ne sont donc pas impressionnantes mais donnent un bon aperçu de ce que devaient être les missions à l’époque. Et le site, situé en plein nature, respire la sérénité. Nous bivouaquons devant ce site, ce qui nous permet de retourner le visiter alors que la nuit est tombée. Il est éclairé en fin de semaine. Roxane se fait une frayeur lorsque nous passons dans le cimetière alors qu’Arthur se dit prêt à la défendre à l’aide de son bâton contre l’attaque des morts-vivants.
Puis nous allons à San Ignacio Mini où les murs ont été reconstruits, les ruines sont donc plus impressionnantes. Nous allons voir le spectacle son et lumière. Il est d’une très bonne qualité, les images projetées sur des murs d’eau, mettent en scène la vie telle qu’elle devait être dans ce lieu aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Argentine – Région Nord-Ouest et la route du vin
Finalement le Paso de Jama était bloqué au petit matin en raison d’une chute de neige en altitude, il nous a fallu attendre 1h30 pour que la route soit de nouveau ouverte. Heureusement que les policiers chiliens ont la bonne idée de laisser d’abord passer les véhicules légers (dont Tortucar fait partie) avant les poids lourds, ça évite de devoir doubler ces véhicules dans la longue côte et cela nous permet d’arriver à la frontière avant les bus et camions. Du coup le passage de frontière a été relativement rapide, les douaniers argentins n’effectuant pas une fouille aussi poussée que leurs collègues chiliens. Mais lorsque nous sortons, ce sont de grandes files d’attente qui se sont créées.
Nous arrivons en fin de journée à Purmamarca, et hop, un 3ème bivouac à notre endroit de prédilection, le long de la montagne aux 7 couleurs. Nous croisons successivement 3 camping-cars français dans la ville, nous les invitons à bivouaquer avec nous. C’est ainsi que nous nous retrouvons à prendre l’apéritif à 7 adultes dans Tortucar, nous avons envoyé les enfants dans un autre véhicule, ils sont ravis de ne pas nous avoir sur le dos !
Les Pepinous nous quittent mais, lancés dans nos discussions de voyageurs, nous jouons les prolongations une journée de plus avec Lionel et Nelly, leurs enfants Anna (5 ans) et Nils (2 ans).
Nous prenons la route des vallées Calchaquies pour aller à Cafayate : nous passons par Cachi puis Molinos. Nous empruntons la route nationale n°40, bien qu’elle traverse le pays du nord au sud (elle aboutit en Terre de Feu) cette route n’est pas asphaltée à cet endroit, de plus certaines portions sont assez étroites. Mais comme il n’y a pas énormément de trafic, ce n’est pas un problème et l’on peut se ranger sur le côté. Par contre la poussière envahi le camping-car, elle est très fine et se faufile partout.
Le paysage nous réconforte, c’est splendide, à commencer par le Parc National Los Cardones qui est recouvert de cactus à perte de vue. Nous faisons deux beaux bivouacs en pleine nature, nous nous mettons à la mode argentine en faisant un bon barbecue, avec le bois ramassé dans les alentours. A Cachi, de grands poivriers égayent la place centrale, où les enfants se sont précipités vers les jeux. La petite église nous rappelle le Mexique. A Molinos, les vaches ont décidé de se baigner à côté de l’église. Ensuite, le long de la piste nous voyons les piments sécher au soleil et les grosses perruches ou perroquets (c'est comme vous voulez !) se dorer au soleil sur les fils électriques.
A l’approche de Cafayate, le paysage change. Ce sont de grandes exploitations de vignes qui recouvrent la terre. Pourrait-on se croire en France ? Bah non, il y a des cactus candélabres au milieu des vignes ! Nous en profitons donc pour goûter aux vins de la région, il y a des cépages inconnus ou presque en France : le torrontès (un vin blanc) et le malbec (un vin rouge). Et un bon vin accompagnant toujours du fromage, nous visitons donc la fabrique de fromage de chèvres. Les premières chèvres de l’élevage ont été importées de Suisse. Elles sont belles avec leur barbichette blanche.
Nous visitons les ruines de Quilmes, immense citée construite en étages sur la montagne, il y a plus de 1000 ans par la dynastie Quilmes.
Nous reprenons la route direction de Salta en empruntant cette fois-ci la route n°68 qui passe par la Quebrada de las Conchas. Quel paysage magnifique, les montagnes rouges et parfois brique ont été sculptées par l’eau et le vent, elles ont des formes étonnantes, comme au lieu « Los Castillos » où elles ressemblent à un château fort. A Tres Cruces nous avons une vue magnifique sur la vallée du rio Las Conchas. Le plus étonnant est le lieu El anfiteatro, où l’on entre dans la montagne par une faille, nous nous retrouvons dans un espace circulaire entouré de hautes parois de roche rouge, ayant une bonne résonnance.
Puis nous prenons la route n°51 en direction de San Antonio de los Cobres, elle passe par la Quebrada del Toro. Nous longeons la voie de chemin de fer touristique « el tren a las Nubes » qui traverse un grand nombre de ponts et viaducs, au milieu de paysages colorés.
Bref nous avons fait plusieurs boucles autour de Salta, afin de profiter des paysages magnifiques de la région.
Dans cette ville, nous allons faire des courses en supermarché, sans le vouloir, juste au moment où l’Argentine dispute un match de la coupe du monde de foot. Du coup les allées sont vides, les employés sont rivés devant les écrans de télévision et nous suivons le match au son de leurs cris.