L’heure est au bilan, notre périple s’achève. Nous avons passé un peu moins de 15 mois sur le continent américain.
Tout d’abord, tordons le cou à des idées reçues, c’était un périple, pas des vacances et la différence est notable. C’est ce que nous avons découvert justement dans ce voyage, nous n’avons pas un moment de libre. C’est aussi parce que nous avions un itinéraire ambitieux pour 15 mois.
Nous changions quasiment tous les jours de décor, super, c’est ce que nous cherchions, mais cela a aussi des inconvénients, nous n’avons pas de point de repère. Et donc des actions de la vie courante qui sont simples quand on est chez soi, s’avèrent plus complexes en voyage, dans des pays où les démarches ne sont pas aussi simples que chez nous.
Il faut sans arrêt chercher quelque chose :
- chercher du carburant (ça c’est assez simple), il suffit de ne pas attendre que le réservoir soit vide pour le faire, car dans certains lieux, les stations-services sont très espacées
- chercher un supermarché pour faire les courses, suivant les pays ça peut s’évérer compliqué
- chercher à remplir les bouteilles de gaz. Alors là c’est la galère, il n’y a pas beaucoup d’usines qui acceptent de les remplir, ce n’est pas aussi simple qu’en France quand on apporte la bouteille et qu’on en reprend une, nous avons des bouteilles qui traversent les pays, et bien entendu chaque pays a sa catégorie de bouteille et chaque usine sa couleur de bouteille, alors notre seule solution est de les faire remplir, il faut trouver l’usine qui accepte de le faire, se trouver dans le bon créneau horaire
- chercher une laverie, dans certains pays c’est très difficile, dans d’autre plus courant mais les délais pour récupérer son linge sont parfois long. Eh oui, à part au Canada ou aux USA où les laveries fonctionnent comme chez nous, chacun s’occupe de sa machine, dans les autre pays c’est plutôt à la mode pressing, on laisse son linge et on revient le chercher à une heure convenue. Une fois en Colombie, il a fallu attendre 3 jours pour récupérer notre linge, c’est bien trop long pour nous qui ne restons pas aussi longtemps dans une même ville, car nous préférons les bivouacs sauvages
- chercher un bivouac sécurisé pour la nuit, ça c’est quasiment tous les jours qu’il faut chercher. Heureusement que d’autres voyageurs donnent leurs bons plans, ça aide.
- chercher un endroit permettant de faire le plein d’eau. Bien souvent dans des stations-services, mais certaines ne proposent pas d’eau alors il faut chercher ailleurs, et quand nous restons plusieurs jours à un même endroit, il faut réapprovisionner en eau même si nous ne faisons pas le plein de carburant. Le plus galère était au Pérou, le long du Pacifique, la zone étant désertique les stations-service n’ont soit pas d’eau soit le débit est extrêmement lent ce qu’il fait qu’il faut au moins une heure pour faire un plein.
Et d’autres tâches qui fort heureusement reviennent moins souvent :
- chercher un magasin de chaussures, chercher un garage pour faire l’entretien du camping-car, chercher la poste dans la ville, chercher où l’on peut acheter telle ou telle chose occasionnelle (pneus, clé USB, appareil photo, jouets de Noël et d’anniversaire, huile de coco pour se protéger des moustiques : il a fallu au moins 50 pharmacies pour réussir à en trouver),…
Nous avons parcouru environ 55 000km, finalement ce n’est qu’environ 20% de plus que ce que nous aurions fait en une année en France (nous habitons à la campagne, il n’y a pas de transports en commun), notre consommation-carbone n’est donc pas si importante que nous aurions pu le croire.
Nous avons eu la chance d’être en bonne santé pour pouvoir partir, et nous le sommes restés.
Notre bonne étoile nous a protégés. Pourtant c’était mal parti, nous avons failli ne pas quitter la France. Eh oui, nous avons eu la mauvaise surprise, à l’aéroport de Paris, de tomber sur un agent des douanes américaines qui ne voulait pas nous laisser embarquer si nous n’avions pas de billet retour. S’en est suivie une course contre la montre pour acheter des billets retour … qui ne nous servaient à rien, mais que nous nous sommes fait rembourser ultérieurement (moins une franchise).
Nous avons craint par deux fois de gros ennuis mécaniques, mais une fois que nous avons pu trouver un professionnel compétent qui a su identifier le problème, nous nous en somme tirés à peu de frais et peu de délai. Tortucar ne nous a jamais trahi et a parfois été héroïque sur certaines pistes.
Nous avons fait de belles rencontres, avec les locaux, des vacanciers et d’autres voyageurs (nous pensons fort aux Toul’américan et aux 5M), elles restent dans notre mémoire. Nous nous sommes enrichis de tous ces échanges.
Nous avons pris connaissance d’autres coutumes, d’autres croyances, d’autres façons de vivre.
Nous avons vu des paysages magnifiques, extraordinaires, à couper le souffle.
Nous avons croisé sur notre chemin des animaux que nous n’avions jamais vus, le top est de les observer dans leur élément naturel.
Bien sûr nous avons une préférence pour les bivouacs en pleine nature, mais dans certains lieux nous avons privilégié la sécurité.
On nous demande souvent quel a été notre pays préféré. C’est difficile de répondre à cette question, chaque pays ayant ses particularités, il est délicat de comparer. Mais voici tout de même nos coups de cœur :
- l’Ouest des Etats-Unis pour la beauté de la nature dans les grands parcs
- le Mexique pour ses villes coloniales, les cités précolombiennes et la chaleur de ses habitants
- le Guatemala pour sa conservation des coutumes ancestrales
- la Colombie pour l’accueil en or de ses habitants
- les îles Galapagos en Equateur pour la beauté de la faune
- le Pérou pour ses sites précolombiens et incas
- la Bolivie pour ses paysages sublimes (salar d’Uyuni et Sud Lipez) et la conservation des coutumes indiennes
- l’Uruguay pour l’accueil chaleureux de ses habitants
Nous sommes fiers d’avoir vécu ce périple tous les 4 ensemble.
Il faut beaucoup de détermination, pas mal de préparation, et le jeu en vaut la chandelle.
Les rêves sont faits pour être vécus, il faut s’en donner les moyens. Quand la volonté est là, les difficultés s’aplanissent.
Merci à la famille restée en France, particulièrement ceux qui ont acceptés d’endosser des tâches supplémentaires comme gérer notre patrimoine et nos courriers. Merci de nous avoir laissé partir et de nous avoir encouragés.
Merci à tous ceux qui nous ont suivi via ce blog, les commentaires que nous lisions avec avidité nous faisaient extrêmement plaisir.
Si nous avions été ne serait-ce que 15 ans en arrière, nous n’aurions peut-être pas pu faire ce voyage. Grâce au retour d’expérience d’autres voyageurs, nous avons bénéficié d’informations précieuses. Et grâce à l’évolution de la technologie, les échanges avec la famille et les amis sont possibles.
Avec internet, la vie se simplifie. Certains organismes proposent des services qui nous facilitent la tâche. A titre d’exemple, nous avons pu faire notre déclaration d’impôts depuis la Bolivie, c’est beau le progrès ! D’autres organismes ont encore des progrès à faire dans cette voie.
Nous avons tout de même quelques regrets, celui de ne pas avoir pu prendre plus de temps à des endroits où nous sentions bien, celui de ne pas avoir eu le temps ni la saison optimale pour descendre plus sud, et surtout de ne pas avoir vu le glacier Perito Moreno.
Comme tout bilan s’accompagne de données chiffrées, les voici en pagaille :
Environ 15 mois de voyage, c’est :
18 pays différents visités (si on compte notre toute petite entrée au Paraguay à Ciudad del Este)
25 passages de frontière
7 cargo/ferry/bac empruntés par le camping-car (cela comprend la traversée de l’Océan Atlantique à l’aller et au retour, ainsi que la traversée de Panama en Colombie)
1350 repas à gérer
dont 133 restaurants/comedor fréquentés
15 paires de chaussures usées, élimées
8 capitales visitées
142 lieux payants visités
31 laveries fréquentées
2 crevaisons
4 fois tanqués (2 fois dans le sable au Costa-Rica, 2 fois dans la boue en Argentine)
1 vélo abandonné
37 couples ou familles de voyageurs rencontrés, dont certains plusieurs fois
des milliers d’animaux observés, certains en cage mais la majorité dans leur élément naturel
313 bivouacs sauvages ou en station-service
90 bivouacs en camping ou équivalent (dans la cour d’un hôtel par exemple, pour les lieux qui ne possèdent pas de camping)
35 nuits d’hôtel ou appartement (utilisé uniquement lorsque nous n’avions pas notre camping-car, au départ en attendant son arrivée sur le sol américain, au Panama et en Colombie lors de sa traversée, à la fin du voyage lorsqu’il était déjà déposé au port, 1 nuit pour la visite du Machu Picchu)
10 nuits en bateau (pour le passage de Panama en Colombie et lors de notre croisière aux îles Galapagos en Equateur)
2 nuits en avion
2 contrôles de policiers véreux (nous nous en sommes bien sortis à chaque fois)
Moyens de transport utilisés durant tout ce périple : camping-car, avion, voiture, métro, bus, trolley-bus, vélo, ferry, voilier, tracteur